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mda Restauration et restitution des œuvres du patrimoine

Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple

 

« C’est un problème de portée internationale qui se pose ; l’avenir de la peinture est en jeu. » Jean Bazaine, 1992

 

Appel à un moratoire temporaire et essai d'Etienne Trouvers sur la restauration des œuvres majeures du patrimoine sensible de l'humanité

Le 13 nov. 2025, en lumière du jour… mais avec lumière artificielle superfétatoire… pour re-coloriser ! © E.T. /SAIF nov. 2025

Regardez un peu (illustration ci-contre), comment on se joue, pas à pas, à la surface douce et complexe des sculptures de « Nature » subtilement colorées. « Autrement dit, pour le grand public » on impose ce fait : « la restauration paraît probablement réussie » !

Car malheureusement c’est comme s’il s’agissait d’un vaste projet muséographique sur l’existence sensible (à étudier des yeux, à dessiner)… Voici comment le département des sculptures -sous Mme des Cars en particulier (à l’instar des pratiques ‘mode’ apprises au M’O)- s’y prend pour… terminer le travail de dévalorisation et de réductionnisme (perceptible).

Or ce sont des questions de ‘couleur’ précisément. Car leurs idées que « cette porte a été recouverte d’un badigeon au 19ème…» (voir photo ci-dessous), est totalement idéologique, inesthétique et hygiéniste. Que vient faire au musée (lieu essentiel de conservation, de réserve des traces de la mémoire humaine) une posture trop fermée, rétive à toute évolution ?

En effet, l’Œuvre d’Auguste Rodin, notamment, a été nourrie par la contemplation, la compréhension et l’étude des Esclaves de Michel-Ange dans leur état ancien, non loin de l’ensemble du Portail orné des figures d’Hercule et de Persée (vers 1490-1500 par Pietro da Rho), cf. le cliché conservé au Musée départemental Albert Kahn et publié dans Grande Galerie – Le Journal du Louvre, hiver 2020-21, n°53, p.78.

Ce cliché témoigne d’une patine aux propriétés colorées dont Rodin ne s’est jamais plaint. – Dès lors, de quelle « autorité supérieure » se réclame-t-on, aujourd’hui, pour transformer fondamentalement une réalité sensible qui a fait la preuve de sa fécondité artistique ?

– Interventionnistes, c’est comme si cette œuvre était faite ‘pour eux’… hors du regard des générations précédentes, pourtant bien respectables aussi ! – Or ne faut-il pas conserver les traces de la mémoire historique et colorée sur notre bien commun, pour les générations présentes et futures ?

 

« Pour le grand public, la restauration paraît probablement réussie »[Sic] puisque, par désinformation et mensonges réussis, le musée du Louvre peut publier ceci « Avec le généreux soutien de… »

Confer, aussi, ma mise en garde sur la coloration subtile (plus ou moins dite ‘clair-obscur’) en sculpture, car dans une lumière naturelle ; critique inhérente donc, à la réalité sensible, possiblement à l’inverse d’un « autre thème qui revient fréquemment chez nos adhérents [qui…], celui de la transmission »[Sic] ? En l’occurrence par d’autres richesses fulgurantes ? Peut-être moins sommaires, car ce sont celle de la génération qui ne jure que par la recherche de la couleur primaire, saturée, et surexposée (sous projecteur-S) ?

Il se trouve aussi, hélas, que cet exemple concret et présent n’est pas extraordinaire… car malgré tout, nous sommes bel et bien dans des « dérives de restaurations “à visée esthétique” » ! Mais là où nous pouvons nous rejoindre, en amitié, c’est dans : – « la promotion et la formation à la restauration virtuelle (en remplacement d’une intervention matérielle, ou comme pré-étude avant toute opération). » […]

 

Pour en savoir plus, consulter l’article d’Etienne Trouvers sur Mediapart

 

 

 

 


L’Atelier du peintre, M’O, détail de la signature de G. Courbet. Photo avant (en haut) et après restauration (en dessous). Crédit photo : E.T. / Isabelle Garnier

Alors que plusieurs restaurations récentes ont soulevé des interrogations légitimes, nous demandons la mise en place d’un moratoire temporaire, afin de permettre une réflexion approfondie sur les méthodes employées et les résultats observés.

Dans cette perspective, le récent essai d’Étienne Trouvers, « Eugène Delacroix et la restauration des chefs-d’œuvre : essai d’analyse critique », apporte un exemple d’analyse détaillée et argumentée. À travers cette approche de la restauration de La Liberté guidant le peuple, il met en évidence des enjeux essentiels : lisibilité et visibilité, modification des équilibres chromatiques, et pertinence des choix techniques.

Ces réflexions trouvent aujourd’hui un écho particulier avec l’entrée en matière de la restauration-événement de L’Enterrement à Ornans de Gustave Courbet, porté par le musée d’Orsay. Une restauration signalée comme périlleuse par Rémy Aron, Président de La Maison des Artistes, dans la newsletter du mois d’avril. Les similitudes avec l’intervention contestée sur L’Atelier du Peintre il y a dix ans invitent à la plus grande prudence.

 

Avant toute décision irréversible, nous demandons l’arrêt immédiat de cette « aventure » et appelons à une réflexion collective.

Etat des lieux le 8 mars 2025, ©E.T. – SAIF ; la restauration du chef-d’oeuvre de Gustave Courbet est annoncée… – Retenons donc cette aventure dont on ne sait quasiment rien !

 

Nous demandons urgemment, la diffusion publique : 

– des arguments détaillés qui justifieraient de la décision de le restaurer

– du budget prévisionnel (la restauration en 2016, de l’Atelier de Courbet a couté 600 000 €)

– des photos avant et après restauration (conformes et standardisées, de format et de lumière identiques)

 

Consulter le site du Musée d’Orsay

Voir le post Linkedin d’Isabelle Garnier, membre de la commission

Voir l’essai d’Étienne Trouvers, « Eugène Delacroix et la restauration des chefs-d’œuvre : essai d’analyse critique »

« L’appel des 115 », qui a vu des artistes partager publiquement leurs préoccupations, a permis d’engager une première réflexion au sujet notamment de la restauration de l’œuvre de Delacroix, « La liberté guidant le peuple ». Rémy Aron, président de la Maison des Artistes, soulignait ces inquiétudes dans une lettre ouverte :

« Nous avons été alertés à plusieurs reprises concernant le sort de notre patrimoine. Nombre d’artistes ont été déconcertés par les restaurations accomplies sur les cimaises des musées nationaux. Dernièrement, en juillet 2023, nous avons pu découvrir le résultat de la restauration de la dernière grande œuvre de composition classique, « La mort de Sardanapale » d’Eugène Delacroix […] Nous nous trouvons aujourd’hui avec une œuvre dispersée qui incontestablement a perdu son unité plastique. Le plan et l’espace sont devenus chaotiques. »

 

Rodin aurait décrit le phénomène de restauration abusive ainsi : « Un Art qui a la vie, ne restaure pas les œuvres du passé, il les continue ».

Préserver l’harmonie originelles des œuvres est essentielle à la conservation de notre patrimoine. Des discussions avec les artistes professionnels sur cette question doivent être menées, avec l’ensemble des parties prenantes.

Nous proposons donc d’inscrire cette problématique dans la logique de la formation d’un groupe de réflexion et de travail au sein de la Maison des Artistes visant à rassembler les professionnels de l’art, conservateurs, restaurateurs, et artistes.

Mobilisons-nous pour plus de concertation dans la restauration des œuvres.

 

Pour en savoir plus :
🟦Voir l’essai d’Étienne Trouvers, « Eugène Delacroix et la restauration des chefs-d’œuvre : essai d’analyse critique »

🟦Consulter le site de l’ARIPA : https://www.aripa-revue-nuances.org/

🟦Consulter les articles d’Etienne Trouvers au sujet de la restauration des œuvres, sur Mediapart :

A voir

Ceux de chez nous, documentaire de 43 min, 1952
Réalisation : Frédéric Rossif

Sacha Guitry, installé dans son bureau et entouré d’œuvres d’art, présente et commente une série de films qu’il a réalisés au début du XXème siècle. Des images exceptionnelles d’artistes et d’hommes illustres à qui Guitry exprime son admiration. Auguste Rodin, Edmond Rostand, Claude Monet, Auguste Renoir, Sarah Bernhardt (et d’autres)…s’animent et semblent nous adresser un message…

à 03:19 « Nous pourrions réprimer certaines pantalonnades et certains sacrilèges qui se sont perpétrées jadis ou récemment, dans le but insensé de rajeunir des chefs-d’œuvre qui pourtant ne vieilliront jamais. L’article 227 du code pénal qui prend sous sa protection les jardins publiques, devraient également sauvegarder les chefs-d’œuvre ».

Regarder : https://madelen.ina.fr/content/ceux-de-chez-nous-108184